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Le Cheval venu de la Mer
Le Cheval venu de la Mer
22 décembre 2005

L'origine du cheval Camargue

Neptune, Dieu de la Mer, parcourait son domaine sur son char tiré par neuf chevaux blancs, lorsque, passant devant l’embouchure du fleuve – roi, Lou Rosé, le Rhône aux multiples bras, il rencontra un humain qui venait de plonger et nageait en se lamentant, ne semblant trouver à son bain aucun agrément. Neptune quelque peu agacé lui demanda des comptes : « Qui es-tu, gronda- t-il en pointant vers lui son trident, et pourquoi venir en mon royaume, si ce n’est ni pour ton plaisir, ni pour y trouver ta nourriture ? ».

« Je suis Lou Camarguen, le Camarguais, articula-t-il en fixant les trois pointes d’airain dardées vers lui. J’habite entre les bras du Rhône, un pays magnifique, où le ciel et la terre se mirent dans les étangs… ».

« Si ton pays est si beau, pourquoi emplir le mien de tes gémissements ? » coupa Neptune de plus en plus irrité.

« C’est que je suis obligé de cohabiter avec un infernal taureau noir qui, dès qu’il m’aperçoit, prend un malin plaisir à me charger de ses cornes en forme de lyre. Je n’ai d’autre ressource que la fuite et ne trouve de salut que dans ton empire, ô grand Neptune. Lorsque la douce brise d’été caresse le champ azuré de ton séjour mouvant, ce m’est un grand plaisir, crois-le bien, mais en hiver, lorsque Eole envoie le grand Mistral qui ploie les tamaris, couche les roseaux et couvre les eaux d’écumes agitées, cela devient un supplice, Grand Dieu des Océans… ».

Neptune qui rencontrait bien assez d’humains en difficulté lors des naufrages et des batailles navales et qui, au fond, n’était pas un mauvais bougre, voulut donner une chance au Camarguais face à son adversaire cornu. Il détela de son char le cheval de tête et lui dit : « Voici mon meilleur cheval, si tu sais t’en faire un ami, il sera pour toi un allié irremplaçable face au noir taureau. Mais rappelle-toi toujours qu’il vient des immensités de la mer et qu’il a été mené par un dieu : quoi que tu fasses, il faudra, quand bon lui semblera, le laisser libre de toute entrave venir humer à pleins naseaux ses origines marines et divines ».

Le Camarguais plein de gratitude remercia Neptune qu, dans un remous, disparut à nouveau sous la surface des eaux. Puis il se mit en devoir d’amadouer le fringant animal qu’aucun humain n’avait jamais approché. Lorsqu’il put monter sur son dos et le diriger à sa guise, il entreprit à son tour de poursuivre le noir taureau.

Un jour que l’homme considérait les deux pointes acérées, superbes défenses de son adversaire cornu, il se souvint des trois pointes de fer dirigées sur lui par Neptune. Il sut alors comment il pourrait, enfin, imposer sa loi au taureau paré de ses cornes en forme de lyre. Et depuis lors, on peut voir en Camargue, des hommes armés de tridents, montés sur d’exceptionnels chevaux blancs, mener d’indociles taureaux noirs.

Et on peut apercevoir, aussi, de merveilleux chevaux libres s’ébattrent jour et nuit dans la sansouire.

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